
ANTOINE FOUCO
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L’ombre et la Lettre
La seule chose admissible dans l’art, c’est de l’accepter comme étant une aventure: Guetter l’instant fugitif où la mort ne fait que passer... Les formes excavées disent la vanité du paraître, l’essentiel de la structure sculptée, où la Lettre échoue devant le silence de l’Être...
Une énigmatique acceptation du néant comme origine de la création; on peut dire des sculptures de Maki Georgeon: ”Soldats-artistes du haut de ces silhouettes de sable un million d’années vous contemplent.”
Le grand désert sert de cadre à cette allégorie qui porte une Mésopotamie dans le creux de la main; et c’est le temps qui file à la vitesse d’un Icare prisonnier du Soleil...
L’ivresse du démiurge ne passe pas par les oeuvres de Maki; on y trouve une interrogation immobile, tel un sphinx érigé dans la pierre, dont la mort est l’hôte et l’énigme.
La seule chose acceptable dans l’art : Guetter l’Ombre sur la dune fuyante...Une oeuvre sans fard , belle comme un rève d’argile, comme une interjection du contemporain dans le passé, une oeuvre de prêtresse du silence, en interface avec un travail artisanal; une épopée communiquante, montrant comment la ,Sculpture déjoue les stéréotypes du langage; cependant, elle se maintient dans les limites d’une technique maîtrisée, en rapport avec un matériau aussi peu ailé que le mortier; celui -ci monté par la main de l’artiste devient empenné des ailes de la Poésie... Un marériau pesant transformé en Sylphe, une tour de vigilance ramenée à l’état de symbole; une aventure roulant vers une Abyssinie de rêve, partie à la recherche de ce qui reste de dépouillement possible, dans l’excavation des lignes qui vont plus loin, à destination des contrées extrêmes...
Une oeuvre qui garde la tête froide (pas de fièvre éthique trémulante); une liturgie inscrite dans la durée, face à l’arbitraire d’une culture médiatique et marchande, qui prend benoîtement chaque matin le chemin de l’Erèbe; fils de chaos et frère de la nuit...
Amen
Antoine Fouco le 24 / 10 / 06